Le temps du repas est souvent une épreuve : votre enfant a des difficultés pour manger, il est sujet à des troubles de l’alimentation. Comment redonner de l’autonomie pendant les repas et recréer une relation apaisée ? Comment l’aider à réduire les risques pour sa santé ?

 

Quelques conseils

Lors du repas, ne cessez pas de communiquer avec votre enfant par le regard, la parole, le toucher, afin de le faire réagir et participer. Et quoi qu’il arrive, encouragez-le et félicitez-le !

Il faut lui dire ce qu’il va manger, lui faire voir et sentir, lui permettre de toucher l’aliment.

Il est utile aussi de le prévenir de ce qui va se passer, pour ne pas le surprendre et créer une situation anxiogène : « Je vais t’essuyer la bouche, je vais te donner à boire ».

Pour plus d’autonomie : laissez-le choisir
Votre enfant doit pouvoir exprimer ses choix alimentaires, quand il en a la capacité. Pour l’aider, vous pouvez proposer deux aliments, ou deux sortes de dessert et inviter votre enfant à choisir par un regard, un geste de la main, une inclinaison de la tête ou une mimique d’approbation.

On peut également présenter un aliment nouveau plusieurs fois, à plusieurs jours d’intervalle. Parfois, il faut 7 à 14 présentations pour que l’enfant accepte enfin : c’est la familiarisation.

S’il est hypersensible au goût et à l’odorat, proposez-lui des aliments au goût neutre, alors que s’il a une hyposensibilité, donnez-lui des aliments au goût fort.

Repas trop difficiles : à qui s’adresser ?

Dr Cao-nong Trang, pédiatre au service nutrition de l’hôpital Femmes mère enfant de Lyon:

« Votre médecin vous aidera à savoir exactement où en est votre enfant au niveau de la sensation de faim et de la satiété, de la déglutition, de la mastication, de la prise ou perte de poids. Si des conseils simples ne suffisent pas, il vous adressera soit à l’orthophoniste, soit à un service hospitalier spécialisé en nutrition ou sur les troubles de l’oralité. Idéalement, il faut faire prendre en charge les troubles de l’oralité par une équipe pluridisciplinaire, composée d’un médecin, nutritionniste ou non, d’un ORL éventuellement, d’un psychologue, d’un orthophoniste, voire d’un psychomotricien et d’un ergothérapeute. »

En quoi consistera la rééducation orthophonique

Pour certains enfants handicapés qui présentent des troubles de l’oralité, une approche consiste à aborder l’alimentation comme un jeu, en commençant par des matières non alimentaires. Cela débute par les jeux tactiles de transvasement. Votre enfant manipule des graines, du riz, plonge ses mains dans la nourriture, il patouille, s’en amuse. Puis, ces jeux se poursuivent avec la manipulation des ustensiles : le verre, la cuillère, etc. L’idée est qu’il s’en saisisse et apprivoise les aliments d’abord, puis les outils et les gestes du repas.

Il est parfois utile de réaliser, en dehors des repas, un travail de stimulation pour une meilleure fermeture de la bouche et une déglutition plus efficace. Parfois, les massages extra et intra-buccaux peuvent être efficaces chez les enfants hypersensibles ou qui ont un réflexe nauséeux exacerbé (envie de vomir lorsqu’on introduit une cuillère dans leur bouche).

Ces deux types de rééducation peuvent être conduits par des orthophonistes, après un bilan de l’oralité et de la déglutition. L’orthophoniste pourra également orienter le choix des textures, conseiller la famille et l’entourage de votre enfant pour que les repas se passent au mieux.

Et les aides techniques adaptées pour le repas ?

Un ergothérapeute pourra vous aider dans le choix des aides techniques ou matériel adapté pour que votre enfant soit autonome pendant les repas, mais en général :

 

  • Pour faire face aux problèmes de déglutition, adaptez le siège de façon à ce que votre enfant adopte une posture favorable à la déglutition. Idéalement, le siège peut être moulé sur mesure par un orthothérapeute.
  • Pour faciliter l’introduction dans la bouche, utilisez des couverts adaptés à manche grossi ou coudé.
  • Pour éviter les chocs avec les dents, utilisez des couverts en plastique épais ou en métal recouverts de matière « souple ».
  • S’il est sujet aux tremblements, le manche du couvert pourra être alourdi ou fixé à un bracelet métacarpien.
  • Pour lutter contre le risque de déshydratation, il existe des verres à échancrure, à deux anses, à paille, anti-reflux ou anti-dérapant. Attention ! Le verre à bec verseur est contre-indiqué, car il entraîne le plus souvent une extension de tête propice aux fausses routes.
  • Les assiettes adaptées sont utiles pour éviter la chute des aliments : l’assiette à butée, l’assiette avec le bord intérieur incurvé, l’assiette ovale à fond incliné et à butée, l’assiette à ventouse…
  • Le grignoteur pour faire découvrir des saveurs est aussi un bon outil. Il s’agit d’un filet qui permet à votre enfant de mâcher et goûter des aliments sans avaler de morceaux, sans risque d’obstruction ou de fausse route.

Ressources

CRIAS Mieux Vivre
Aline GIRARDIN, ergothérapeute

 

 

 

 

Merci à l’équipe de Hizy.org et Handicap International pour la mise à disposition de ce contenu